Méditation du Père Nicolas Rousselot

Pour une classe moyenne de la sainteté

Père Nicolas RousselotLa première fois que je suis entré dans la chambre de Marthe Robin à Châteauneuf, en regardant son lit, je me suis dit : « Oh mon Dieu, comme c’est  petit ! ». Jean-Marie Vianney, paraît-il,  avait  dit  la même phrase en découvrant, au creux d’une colline, sa nouvelle paroisse.

Aujourd’hui encore,  en voyant dans la première église d’Ars, la taille de la chaire et des confessionnaux, on a l’impression de se trouver comme dans une  maison de poupée. Ceux qui se sont recueillis devant la chasse de Bernadette à Nevers,  ou ceux qui sont allés aux Buissonnets à Lisieux, auront eu cette même impression de petitesse, d’enfance.   Au point de se demander si, dans le pays de France, Dieu n’a pas choisi uniquement des gens de « petit format » pour porter son message et faire bouger les choses. En Espagne, Dieu est allé dans les châteaux trouver des sortes de conquistadors : St Ignace, St François-Xavier ou Ste Thérèse d’Avila. En France, non.

Thérèse, Bernadette, Marthe, Jean Marie, étaient petits de taille. Est-ce un hasard ? Ces gens petits de taille, dit-on, sont presque toujours animés d’un grand désir. Comme Napoléon, ils ont parfois le génie de bouleverser l’histoire. Mais ici, nous pensons surtout aux phrases de Saint-Paul : « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort » ; ou cette parole du livre des Proverbes qui enchanta  Thérèse de l’Enfant Jésus : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi ».  Pourquoi Dieu est-il venu bouleverser le temps de l’incroyance, du jansénisme ou du scientisme, en choisissant ces  chrétiens  petits de taille mais à la force intérieure si impressionnante ? C’est son mystère. Mais Il se peut aussi que Dieu lui-même fut bouleversé  par ces âmes ardentes, comme il fut bouleversé un jour, à l’aube des temps nouveaux, par l’âme si désirante de Marie.

Aujourd’hui, nous souhaitons que beaucoup de choses changent dans le monde, en Europe et dans notre pays. Nous prions pour cela. Nous souhaitons que notre Dieu soit bouleversé par des âmes assoiffées de Lui, pour qu’Il ait davantage « les mains libres pour agir », puisqu’Il a choisi dans Sa liberté souveraine de dépendre de nous.

Nous souhaitons que se lèvent des personnes, petites ou grandes de taille qu’importe, mais désirant d’un grand désir que le Royaume vienne  sur notre terre. Nous prions pour que des âmes quasi messianiques changent le cours des choses, entrainant les foules,  tel Moïse levant son bâton pour faire passer son peuple à pied sec.

Or nous nous trompons. Prions plutôt pour qu’advienne un écosytème de sainteté, une sorte de  « classe moyenne de la sainteté dont nous pouvons tous faire partie » (Pape François). Dans cette classe moyenne, nous espérons  beaucoup de jeunes, notamment  des jeunes issus des milieux chrétiens aisés. Nous les verrons devenir  tour à tour, éducateurs, enseignants, soignants, journalistes, élus, ou policiers. Gagnant moins facilement leur vie que leurs parents ou  leurs frères et sœurs, toujours du côté des plus fragiles, ils seront reliés entre eux par des mouvements ou des associations extrêmement vigoureuses, où leur solitude sera un vain mot et où prendront corps leurs grands désirs.

Au cœur de cette classe moyenne du Salut, naîtront un jour, quelques grands témoins qui bouleverseront le monde, au moment où notre Dieu le permettra, attiré qu’Il sera par ces âmes ardentes. Il y aura aussi quelques martyrs.

 

Père Nicolas Rousselot
Le Père Nicolas Rousselot est jésuite, aumônier national du Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ), accompagnateur spirituel et auteur de ” Consolation et Désolation, l’expérience de la résurrection dans la spiritualité jésuite”, Lessius, 2014

18 commentaires sur “Méditation du Père Nicolas Rousselot
  1. Chantrel Anne dit :

    Merci Père Nicolas!

  2. pascal dit :

    De jeunes pretres et jeunes religieuses animés d un grand amour de Notre Seigneur sont dejà là et d autres suivront ayons confiance prions pour eux qui donnent tout pour nous par amour pour Jésus

  3. Esperance2 dit :

    Selon moi, le commentaire de Epsilon sur ce site est une alarme, qui est vraiment à prendre au sérieux.
    1. Les voix qu’on avalise, par le simple fait de leur donner audience (comme le rapport transmis tel quel par la conférence des évêques suisses dont le lien est donné dans le commentaire de Epsilon ici), vont toujours dans le sens de l’accommodement, de la temporisation, et renforce la “dictature du relativisme” que Mgr Ratzinger dénonçait dans une homélie prononcée peu avant qu’il devienne le pape Benoît XVI. Voir l’article de Irina de Chikoff dans Le Figaro Hors-série de Février 2013, p. 38: “Dans son homélie, Mgr Ratzinger a dénoncé son principal adversaire: « la dictature du relativisme » contemporain, qui refuse l’idée même qu’il puisse exister un ordre du monde, une loi naturelle, une vérité objective, et ne reconnaît « comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs »”.
    Et Irina de Chikoff d’ajouter aussitôt: “Les journalistes avaient jugé ces propos incongrus dans un monde acquis aux bienfaits de l’individualisme. Ils ont estimé qu’ils signaient « la chute de la maison Ratzinger » en détournant de lui les modérés soucieux d’un accommodement avec la société moderne.”
    2. Quant au lien donnant accès à l’article “Église de purs ou nasse mêlée?”, je suis d’accord avec le commentaire de Epsilon. Rien que le titre de l’article est orienté et sous-entend une sorte de mise à l’index des “purs”, ou au moins un étiquetage non-convivial. Attention à ne pas nous laisser entraîner par une idéologie de sainteté refaite à notre image, comme s’il fallait baisser la barre pour permettre à ceux qui seraient grands pécheurs de quand même pouvoir aspirer à la sainteté, puisqu’ils sont par ailleurs capables de bien dans certains pans de leur existence — évidemment, puisque tous, tous, nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.
    Il n’y a pas à baisser la barre, puisque plus on est pécheur, plus on est sauvé par le Seigneur sur la Croix, “plus on est propre aux opérations de cet Amour consumant et transformant” (Sainte Thérèse de Lisieux, Docteur de l’Église, Lettre à sa sœur Marie du Sacré-Cœur, 17.9.1896). Et encore sainte Thérèse: “Oui je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais le cœur brisé de repentir me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui.” (avant-dernière phrase du Manuscrit C, que Thérèse a écrit dans des moments d’accalmie des grandes souffrances de la fin de sa si courte vie). Ne laissons pas perdre la théologie de Thérèse accessible à toutes et tous !
    Oui, implorons l’Esprit Saint et la Vierge Marie de nous guider.

  4. Sophie dit :

    Merci Boubal!
    je suis totalement d’accord avec les propos de boubal!
    Dieu agit et remue les coeurs mais avouons: nos églises n’accueillent pas! Elles sont fermées (en dehors de celles de Paris et de quelques rares grandes villes)… Impossible de rencontrer un prêtre (toujours absents en réunion…), impossible de se confesser facilement pour ceux qui ne connaissent pas un prêtre…etc…
    Quand un musulman cherche à rencontrer un prêtre pour recevoir le Baptême il n’en trouve pas ou bien le prêtre enfin trouvé ou le laïc rencontré lui diront “l’Islam c’est bien”point! )
    POur ceux qui y arrivent il leur faut 4 ans avant le baptême et les réunions ne leur apportent aucun catéchisme! Ils sont déçus…
    Un converti par Jésus est plus grand que nous et IL A SOIF !
    Oui Boubal a raison! Prions pour la conversion de notre clergé et des laïcs qui l’entourent.

  5. Henri de Palmas dit :

    Mon Père,
    Vous écrivez : “Nous souhaitons que se lèvent des personnes, petites ou grandes de taille qu’importe, mais désirant d’un grand désir que le Royaume vienne sur notre terre. Nous prions pour que des âmes quasi messianiques changent le cours des choses, entrainant les foules, tel Moïse levant son bâton pour faire passer son peuple à pied sec.
    Or nous nous trompons. Prions plutôt pour qu’advienne un écosytème de sainteté, une sorte de « classe moyenne de la sainteté dont nous pouvons tous faire partie » (Pape François). Dans cette classe moyenne, nous espérons beaucoup de jeunes, notamment des jeunes issus des milieux chrétiens aisés…
    Au cœur de cette classe moyenne du Salut, naîtront un jour, quelques grands témoins qui bouleverseront le monde, au moment où notre Dieu le permettra, attiré qu’Il sera par ces âmes ardentes”.

    Oui, “ces crises mondiales sont des crises de saints“. Mais c’est Dieu qui depuis toujours nous veut saints, c’est à dire vivants dans son intimité. La sainteté est correspondance avec la grâce de Dieu à ce projet de Dieu pour nous et il est radical. Nous, pauvres pécheurs, petits enfants de ce Dieu trois fois saint, nous pouvons et nous devons dire : je serai saint car Dieu me veut saint. Et lutter, une fois et une autre fois, et tous les jours, pour laisser l’Esprit-Saint former en nous le Christ et Le laisser agir par nous là où nous sommes dans notre cadre de vie ordinaire, imitant la vie cachée du Christ à Nazareth. Cela demande la prière, la fréquentation des sacrements, la formation doctrinale religieuse et un grand amour de Dieu jusque dans les petites choses de la vie ordinaire. Et ça c’est la grande sainteté.
    Merci, Père, pour vos encouragements; mais nous ne nous trompons pas non plus en demandant à Dieu de nous envoyer de grands saints qui éclairent et conduisent son peuple : Les derniers Papes que Dieu nous envoie ne sont-ils pas ces âmes messianiques désirant d’un grand désir que le Royaume vienne sur notre terre ? Et nous avons bien raison de continuer à demander qu’ils nous éclairent et nous conduisent à témoigner du Christ partout autour de nous, stimulant notre fidélité au Christ jour après jour.
    Henri de Palmas

  6. vian dit :

    Cher Monsieur l’Abbé,

    Votre appel aux chrétiens aisés me fait penser à l’appel d’un élu, exhortant les chrétiens “aisés” à s’engager dans les voies qui construisent la culture d’un pays (journalisme, art, enseignement, etc.) et pas uniquement dans les grands métiers de l’entreprise (finance, industrie). Nous avons abandonné les voies de l’influence culturelle, peut-être par peur de nous salir les mains. Mais comme disait Péguy, à force de vouloir garder les mains propres, nous n’avons plus de mains…
    J’espère faire quelque chose de cet appel.
    Quant à la citation du Pape sur les classes moyennes de la sainteté, elle est en fait tirée d’un roman de Joseph Malègue, intitulé “Pierres Noires, les classes moyennes du Salut”. Si ce grand romancier français n’a pas été réédité pendant de nombreuses années, son chef d’oeuvre “Augustin où le maître est là” est désormais disponible aux éditions du Cerf. A lire !

  7. Berloty dit :

    Oh oui , comme je suis d’accord avec tous ces commentaires! je pense aussi au tout “petit reste ” de la Bible, réjouissons nous d’être le tout petit reste que le Seigneur utilisera pour reconvertir la France.
    Le Seigneur est vainqueur de la Mort et du péché. Alleluia.

  8. Epsilon dit :

    Je partage l’idée de Boubal sur le renouveau dans la foi des responsables de l’Eglise. Amis de la Neuvaine, puis-je attirer votre attention sur l’importance de prier pour les responsables de l’Eglise? Ils sont aussi humains que nous et ont davantage encore besoin de nos prières et de la Sagesse de l’Esprit. Le père du mensonge est terriblement habile et se sert de notre désir de bien faire pour nous tromper.

    Lorsque je lis le rapport que la conférence des évêques suisses transmet (http://www.france-catholique.fr/Pendant-ce-temps-en-Suisse.html) ou les réflexions d’un théologien français (http://www.france-catholique.fr/EGLISE-DE-PURS-OU-NASSE-MELEE.html#forum20342), je me pose des questions sur la foi de ces pasteurs.
    Le péché est-il une invention, ou au contraire une réalité dont le Christ est venu nous sauver? La miséricorde, oui, mais Il ne l’a jamais offerte à quelqu’un qui ne la demandait pas. Imaginer réduire (on dit “évoluer”) la radicalité de l’évangile, c’est désespérer du pécheur, l’enfermer dans son péché sans espoir; c’est pécher contre l’Esprit; c’est affirmer que le Christ est mort pour rien.
    Priez afin que Dieu ne nous laisse pas nous égarer.

  9. Allié dit :

    Pardon mon père pour ce que je vais dire.
    J’ai effectivement été surprise à Nevers par la petite taille de Ste Bernadette, mais en réfléchissant je me suis Rappelé qu’il y a environ 40 ans nous avons hérité D’une maison et nous avons trouvé là des costumes divers qu’un enfant de 10 ans pourrait porter aujourd’hui.Les générations ont grandi.
    Moins conditionnées que nous les générations passées étaient certainement plus que nous en écoute de la loi divine et par là j’ai plaisir à croire qu’ils étaient tous plus ou moins des saints

  10. Nicole dit :

    Je me suis sentie concernée personnellement dans tout le début de l’article à cause de ma petite taille. Et mon ardeur de convertie et assoiffée permanente est grande et incessante. Pourtant malgré cela, l’Eglise n’en a pas été changée ! Je n’ai pas été suivie, on m’a plutôt persécutée, empêchée… Je suis donnée et je le fais toujours en essayant d’être là où Dieu me veut, que ce soit Lui qui fasse à travers moi, mais… je ne vois pas une grande moisson de conversions.
    Heureusement, je crois qu’Il voit nos coeurs et ne juge pas selon les résultats, contrairement à notre monde.
    Quand je vois ce que disent nos responsables d’Eglise actuellement à l’Unesco, les propos de nos Papes, si pleins de Sagesse… je me demande pourquoi tout le monde n’est pas chrétien, convaincu que la Vérité est bien là !
    Toutefois, je continue à espérer pour je ne sais quelle époque… mais avec la confiance que la Vierge Marie va faire quelque chose au bout de la Neuvaine, au 15 août.
    Prions donc très fort pour notre France et pour le Monde, pour tous les humains.

  11. Pauvre pécheur que je suis dit :

    Dieu ne regarde pas la grandeur physique de la personne mais la sincérité de l’âme + + +

  12. colombe dit :

    Vous lire Père Nicolas, nous aide a tenir debout et a espérer a des jours nouveaux. Le petit troupeau suit son maitre , et il n’a rien a craindre même si autour de nous cela gronde. Nous sommes des enfants de lumière et nous suivons celui qui est la lumière du monde.Toute notre confiance est en lui.Nos ainés sont des modèles pour nous .Demandons qu’ils nous soutiennent et nous aident a travailler pour le Christ qui a tant besoin de toutes petites âmes pour y déposer tous ces trésors.Imaginez vous quelle joie dans le ciel. Tous ceux qui sont passé par là sont maintenant comme un relais pour passer le flambeau.Soyons forts et seule la prière dénouera les liens .Nous sommes habitants de la FRANCE, notre pays a besoin de nous de nos prières et surtout demandons la conversion de nos Frères musulmans. Et que le père un jour nous unisse.Croyons et espérons et prions et le miracle sera là.

  13. Boubal dit :

    Vous oubliez dans votre “écosystème de la sainteté” un clergé motivé, convaincu de la grandeur de sa fonction, bien formé, sans idéologiquement correct, qui aime ses brebis et s’en occupe personnellement, évangélise les périphéries (pas besoin d’aller au bout du monde), ne se mette pas dans la peau d’un dhimmi. En effet, tout ne vient pas que des laïcs (qui ont souvent bon dos!): nous avons besoin d’un clergé fort, plus que de “grands témoins”, nous avons besoins de Saints et de Saintes: Dieu vomit les tièdes et forge des âmes d’élite.

  14. Gaube du Gers dit :

    Si on écoute bien le témoignage du Père Michel Naguib, de Mossoul, il y a bien urgence à se réveiller. Pourquoi donc nos gouvernants se laissent “chloroformer” et nous autres, “bâillonner”. Le temps presse qui appelle à la conversion , ne soyons plus aveugles; qu’est devenue la sagesse, la lucidité des âmes françaises. Implorons l’Esprits Saint de réveiller notre torpeur= trop de Peur. Merci père pour votre invitation.

  15. Kornprobst dit :

    Oui , c’ est tout à fait cela et nous en voyons déjà les signes avant coureurs . Merci .

  16. Chenaux Patric dit :

    Merci mon Père, mais l’Eglise de France aujourd’hui n’est-elle pas petite? Et dans le monde où les chrétiens n’ont jamais autant été persécutés, l’Eglise n’est-elle pas petite? Nous sommes dans des temps difficiles, peut-être les pires de l’histoire néo testamentaire. Et le Seigneur nous a envoyé les Papes dont nous avions besoin, pour fortifier, consoler, montrer l’exemple aux chrétiens. Nous pouvons bien penser que le Seigneur va lever de ces petits, qui font vaciller les grands. Et des géants il y en a aujourd’hui de toutes sortes qui menacent et grondent. Mais Dieu suscite toujours des David, qui était aussi un petit, pour abattre Goliath, avec une petite pierre, et lui trancher la tête avec son épée, celle de Goliath.
    Alors ayons confiance en notre Dieu, et prions, afin que se lève de ces petits, et ils sont peut-être déjà là ces petits; comme vous l’avez dit, la taille importe peu, ces petits peuvent être des gens simples, des malades, des jeunes gens… mais ils ne craindrons rien, si ce n’est le Seigneur, comptant sur l’intercession de Marie, ils se leveront et combattront le bon combat de la foi pour la gloire de Dieu et le salut de la France; et pensons à tous ces musulmans à évangéliser…

  17. Decaux dit :

    Amen

  18. Cailliau dit :

    Merci Père pour cette belle méditation et sa simplicité, chacun d’entre nous peut être ce
    “Moyen”, agissons avec la grâce de l’Esprit Saint. Sylvie C.