En quoi la patrie est-elle chose sacrée?

ousset
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“Avant tout donc, comme l’indique l’étymologie, la patrie c’est un sol, un territoire, un dessin sur une carte. Comme l’a dit Péguy, elle est cette quantité de terre où l’on peut parler une langue, où peuvent régner des mœurs, un esprit, une âme, un culte. Elle est cette portion de terre où une âme peut respirer et où un peuple peut ne pas mourir. Mais parce qu’elle est terre des pères, on comprend qu’elle soit par essence une terre humaine. Elle n’est pas, autrement dit, qu’un sol nu, un sol de forêt vierge. Elle est le sol sur lequel les pères ont marqué leur empreinte. Le sol qu’ils ont cultivé. Le sol sur lequel ils ont bâti les monuments, vestiges de leur passé.

La patrie est le sol des anciennes batailles. Elle est la terre des champs, des vergers. La poussière des villes et des routes. Elle est la terre des ancêtres, la terre des cimetières, celle qui garde ceux qui veillèrent sur l’enfant, l’adolescent, l’adulte, et ceux mêmes qu’il n’a pas connus, mais que des paroles tendres, ardentes ont figurés, décrits, ressuscités pour lui. (1) Elle est le cercle intime, la terre sacrée du foyer. Elle est la terre charnelle, la terre dont, à la lettre, nous sommes nés. Elle est la chair de notre chair. Et c’est par là qu’elle pèse et agit si fortement sur le cœur humain. Elle est spontanément objet d’affection et de sentiment. Elle est la mère.

« La Mère Patrie ».

Aussi est-elle plus souvent sentie que pensée.

La patrie n’est pas d’ailleurs le résultat d’un pacte volontaire. « On ne choisit pas plus sa patrie, la terre de ses pères, que l’on ne choisit ses parents ». L’enfant qui vient au monde n’argumente pas pour savoir s’il doit se décider à les aimer ou non. Il leur doit trop. Un élan naturel le pousse à les aimer. Ainsi que Taine l’a dit (2) : « La patrie est chose sacrée, par laquelle chacun a tout l’être qu’il a, pourvu de bienfaits infinis, héréditaires, envers qui nous sommes couverts de dettes. » « Monstrueux de la hasarder. »

Tel est le réel.

Tels sont les faits, dans ce qu’ils ont de plus communément admis.

Mais n’est-il pas insuffisant d’en rester là ? Et n’importe-t-il pas d’appeler « patrie » (sinon de grouper en elle) tout ce qui est de l’héritage, du patrimoine reçu de nos pères, et rassemblé par eux ?Car si la patrie est la glèbe de nos champs, le sol de nos chemins, l’asphalte de nos rues, on reconnaît qu’elle est aussi le ciel qui sert de voûte à cette terre, l’air qu’on y respire, le climat dont elle jouit. Et le miroir de ses lacs, le chant de ses sources, les reflets changeants de ses mers… On comprend donc que par extension la patrie puisse être en réalité le patrimoine entier. L’ensemble du capital que nous ont laissé nos aïeux. Non plus seulement la terre, mais les églises, les cathédrales, les palais et les tours dont elle s’est vue couverte au cours des âges. Et toutes merveilles de l’industrie ou des arts. Monuments de la pensée et du génie.

Tout l’héritage !

La terre, aussi bien que les legs matériels, intellectuels, spirituels et moraux.

« L’amour du sol tout court n’est pas le patriotisme », écrit Fustel. « Il faut y joindre l’amour de son histoire. La patrie géographique serait peu de chose si on ne relève l’affection qu’on lui porte (et, qu’un ennemi, aussi bien, peut lui porter) du respect, de l’amour de son histoire. Cette histoire est nôtre bien autant que le sol. Nous n’avons pas le droit de la négliger. »

Cet amour nous paraît d’autant plus important qu’il peut subsister après la destruction, la perte, voire l’inexistence de la patrie géographique.

Cas des peuples déportés.

Cas des peuples nomades.

Cas du peuple juif depuis sa dispersion.

La fidélité à la patrie devient, en ces cas, la fidélité à un patrimoine historique, à un ensemble de valeurs ou caractères traditionnels. Et la fidélité à tel poème, tel chant, tel livre sacré devient alors l’objet d’une défense aussi rude, aussi opiniâtre, aussi héroïque que le combat des armes pour la possession d’une province.”

Jean Ousset, Patrie, Nation, Etat,  Editions Montalza, 1965.

(1) « La patrie est faite de plus de morts que de vivants. » (Renan).

(2) Notes inédites pour les Origines de la France contemporaine.

11 commentaires sur “En quoi la patrie est-elle chose sacrée?
  1. Espérance dit :

    « La patrie est chose sacrée,
    par laquelle chacun a tout l’être qu’il a,
    pourvu de bienfaits infinis, héréditaires,
    envers qui nous sommes couverts de dettes. »
    Taine

    « O FRANCE ! O ma belle patrie!
    Il faut t’élever jusqu’aux Cieux
    Si tu veux retrouver la vie
    Et que ton nom soit glorieux ».

    Dialogue entre la France et Jeanne d’Arc
    par Sainte Thérèse de l’Enfant JESUS

    « Chercher DIEU c’est la foi…
    Le trouver, c’est l’espérance…
    Le connaître, c’est l’amour…
    Le sentir, c’est la paix…
    Le goûter, c’est la joie…
    Le posséder, c’est l’ivresse…. »

    Marthe Robin (1902-1981)

    • Espérance dit :

      « Scrute-moi mon DIEU, et tu connaitras mon cœur;
      vois si le mal ne fait pas en moi son chemin
      et conduis-moi sur le chemin d’éternité. »
      Psaume 138:23-24

      « DIEU qui aimes l’innocence et la fais recouvrer,
      oriente vers Toi le cœur de Tes fidèles, pour que,
      dociles à Ton ESPRIT,
      ils soient FERMES dans la FOI
      et vraiment efficaces. »
      Par JESUS-CHRIST notre-SEIGNEUR »
      Amen
      Prions en Eglise

      « Heureux,
      les hommes d’une conduite irréprochable,
      qui suivent LA LOI du SEIGNEUR. »
      Psaume 118:1

      • Espérance dit :

        « C’est l’endroit où l’on doit venir chercher la LUMIERE. »
        Saint Jean-Paul II au Père Finet, à propos des Foyers

        Marthe a offert sa vie pour
        la France, l’Eglise et le monde entier
        http://www.laneuvaine.fr/ce-que-marthe-robin-dit-de-la-france/

        « Ce que Marthe leur a dit »,
        paraît le 5 mars aux éditions de l’Emmanuel,
        rassemble plus de 300 extraits d’entretiens inédits,
        entre la mystique de Châteauneuf-de-Galaure
        et quelques uns parmi les milliers de personne
        venues la visiter. »
        http://www.aleteia.org/fr/religion/article/exclusif-marthe-robin-ce-quelle-leur-a-dit-5852839301611520

        • Espérance dit :

          « Mon DIEU,
          allumez le FEU de votre CHARITE
          dans tous les CŒURS, sur toute la TERRE.
          Répandez partout le grand SOUFFLE
          de votre ESPRIT d’AMOUR
          et le cœur de tous les hommes et toute la terre
          seront renouvelés et changés.

          Ô mon DIEU, répandez à flots
          les GRACES infinies de votre REDEMPTION
          sur le monde tout entier.
          Renouvelez tout, ô mon DIEU, dans votre AMOUR,
          ressuscitez tout dans Votre Sang divin.

          Ramenez tous les hommes et toutes choses
          à La VERITE, à La LUMIERE, à la VIE DIVINE.
          Ainsi soit-il. »

          Marthe Robin

  2. Espérance dit :

    « …FIDELITE à un patrimoine historique,
    à un ensemble de valeurs ou caractères traditionnels. »
    Jean Ousset

    « Ainsi parle Le SEIGNEUR:
    Maudit soit l’homme
    qui met sa foi dans un mortel,
    qui s’appuie sur un être de chair,
    tandis que son cœur se détourne du SEIGNEUR.
    Il sera comme un buisson sur une terre désolée,
    il ne verra pas venir le bonheur.
    Il aura pour demeure les lieux arides du désert,
    une terre salée, inhabitable.

    BENI soit l’homme
    qui met sa FOI dans le SEIGNEUR,
    dont le SEIGNEUR est la CONFIANCE.
    Il sera comme un ARBRE, planté près des eaux,
    qui pousse, vers le courant, SES RACINES.
    Il ne craint pas quand vient la chaleur:
    son feuillage reste vert.
    L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude:
    il ne manque pas de porter du FRUIT.

    Rien n’est plus faux que le cœur de l’homme,
    il est incurable*.
    Qui peut le connaître?
    Moi, Le SEIGNEUR, qui pénètre les cœurs
    et qui scrute les reins,
    afin de rendre à chacun selon sa conduite,
    selon le fruit de ses actes.

    Livre du prophète Jérémie 17:5-10
    « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel.
    BENI soit l’homme qui met sa FOI dans Le SEIGNEUR »

    • Espérance dit :

      * INCURABLE

      « Pessimisme profond, sentiment aigu de l’échec de sa mission?
      Le prophète Jérémie désespéré du cœur de l’homme.
      Impossible de se fier à un être humain,
      toujours changeant et instable.

      Faut-il pour autant désespérer de DIEU,
      de Sa promesse et de Son Alliance?
      Non, car une voie s’ouvre, une voie que la prière juive
      reprend inlassablement des le premier psaume:

      L’homme qui met sa FOI dans Le SEIGNEUR
      sera comme un arbre toujours vivant,
      portant autour de lui un FRUIT nourricier.

      Cela ne suffit pas à rassurer le prophète:
      « Rien n’est plus faux que le cœur de l’homme. »

      Pour que l’homme soit capable
      de mettre sans retour
      sa CONFIANCE dans Le SEIGNEUR,
      il faudra que DIEU lui-même
      vienne transformer son cœur et l’habiter. »

      Roselyne Dupont-Roc
      Prions en Eglise

      • Espérance dit :

        « Le cœur de l’homme est compliqué et malade,
        qui peut le connaître?
        Moi, Le SEIGNEUR qui pénètre les cœurs
        et qui scrute les reins… »
        (Jr 17,10)

        « C’est vrai que nos fautes ne nous font pas plaisir,
        mais il vaut mieux que ce déplaisir
        soit tranquille, calme et humble.
        Ecoutons St François de Sales :

        “Relève donc ton cœur quand il tombera, tout doucement,
        t’humiliant beaucoup devant DIEU
        pour la connaissance de ta misère,
        sans nullement t’étonner de ta chute,
        puisque ce n’est pas étonnant que l’infirmité soit infirme,
        la faiblesse faible, et la misère misérable.
        Déteste néanmoins de toutes tes forces
        l’offense que DIEU a reçue de toi,
        et avec un grand COURAGE et CONFIANCE en Sa MISERICORDE,
        reprends le chemin de la vertu que tu avais abandonné.”

        Et encore :
        “Le TRONE de la MISERICORDE de DIEU, ce sont nos misères.” »

        Sœur de la Visitation de Paray
        http://www.sanctuaires-paray.com/paray-2020/

        • Espérance dit :

          « HEUREUX EST L’HOMME
          QUI MET SA FOI dans LE SEIGNEUR. »

          « Heureux est l’homme
          qui n’entre pas au conseil des méchants,
          qui ne suit pas le chemin des pécheurs,
          ne siège pas avec ceux qui ricanent,
          mais se plaît dans LA LOI du SEIGNEUR
          et murmure SA loi jour et nuit!

          « HEUREUX EST L’HOMME
          QUI MET SA FOI dans LE SEIGNEUR. »

          Il est comme un arbre
          planté près d’un ruisseau,
          qui donne du FRUIT en son temps,
          et jamais son feuillage ne meurt;
          tout ce qu’il entreprend réussira.
          Tel n’est pas le sort des méchants.

          « HEUREUX EST L’HOMME
          QUI MET SA FOI dans LE SEIGNEUR. »

          Mais ils sont comme la paille
          balayée par le vent.
          Le SEIGNEUR CONNAIT le CHEMIN des JUSTES,
          mais le chemin des méchants se perdra.

          « HEUREUX EST L’HOMME
          QUI MET SA FOI dans LE SEIGNEUR. »

          Psaume:1

          • Espérance dit :

            « TA Parole, SEIGNEUR, est Vérité, et TA Loi, délivrance.

            Heureux
            ceux qui ont entendu la Parole
            dans un cœur bon et généreux,
            qui la retiennent
            et portent du FRUIT
            par leur persévérance.

            TA Parole, SEIGNEUR, est Vérité, et TA Loi, délivrance. »

            Saint Luc 8:15

  3. colombe dit :

    La patrie nous la voyons comme DIEU nous l’a donnée personnellement avec en FRANCE nos racines chrétiennes, la terre, celle de tous y compris des gens de toutes races peuples et nations . La mer cette étendue d’eau que beaucoup de nos aïeux ont parcourue et tant d’autres encore ont découverte au fil du temps.Le soleil cet astre merveilleux qui nous réchauffe nous permet de vivre.Et bien ce soleil si radieux si généreux c’est le même soleil que tous voient puisqu’il est unique.Voila comment DIEU aurait aimé que nous soyons tous unis en posant notre regard sur cet astre. j’aime a me recueillir et me dire oh mon DIEU combien t’ont regarde t ‘on apprécie et tu réchauffes chaque parcelle de notre patrie.Tu nous donnes a tous ce soleil si généreux et tu nous le donnes gratuitement.Notre mère patrie a une âme des cultures elle est sacrée, elle nous appartient nous les hommes sans pour autant que nous puissions en prendre possession puisque tout vient du créateur et tout repartira a lui.Il ne nous reste plus qu’a prier dans nos églises bâties un peu partout dans notre patrie pour tous ces dons reçus mais aussi rendre grâce a DIEU pour sa création toute entière. Nous l’oublions parfois. Chaque jour rendons lui grâce pour tout cela .

  4. Chenaux Patric dit :

    L’amour de la patrie est chrétien. Le catholique ne vit pas encore en Paradis. Il vit en ce monde en attendant l’autre. Il est étranger en ce monde, car il est citoyen du ciel, il est dans le monde, mais pas du monde.
    “Les chrétiens résident dans leur propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes leurs charges comme des étrangers … Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre l’emporte sur les lois … Si noble est le poste que Dieu leur a assigné qu’il ne leur est pas permis de déserter (Epître à Diognète 5, 5. 10 ; 6, 10).” (Catéchisme de l’Eglise Catholique).
    Il y a danger pour le chrétien de penser que la patrie n’a pas d’importance pour lui, vu que, justement, il est chrétien et qu’il ne doit pas aimer le monde. Mais haïr le monde, ce n’est pas haïr sa patrie, c’est haïr ce qui est contre le Christ, c’est-à-dire le péché, le mal sous toutes ses formes. “N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. Tout ce qu’il y a dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse -, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde. Or le monde passe, et sa convoitise avec lui. Mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours.” (1 Jn 2,15-17).
    Ainsi ce danger bien compris, le chrétien peut, doit, aimer sa patrie.
    “De même que l’homme reçoit la vie et l’education de ses parents, il bénéficie de l’héritage de sa patrie au plan social, économique, politique et culturel. Aussi doit-il “honorer”, à sa manière, son pays et remplir ses obligations à son égard en faisant preuve de patriotisme et de sens civique,” (Catéchisme des évêques de France).
    La fidélité à la patrie n’est pas le nationalisme. En fait il y encore deux dangers qui menacent notre pays. Le premier vient de ceux qui se disent “citoyens du monde” et non plus français, le deuxième est le nationalisme. “Le vrai patriotisme se distingue de sa forme dégradée, le nationalisme, par le respect de la dignité de toutes les personnes humaines (ce qui exclut le racisme sous toutes ses formes), par l’ouverture à l’amitié avec les autres peuples et par la solidarité, la plus efficace possible, avec ceux qui souffrent dans le monde.
    A l’heure où de nombreux efforts établissent des communications nouvelles, voire des liens étroits entre les peuples, en particulier en Europe, les chrétiens ont une responsabilité particulière dans la construction d’un monde plus juste et plus fraternel.
    Ils ne peuvent donc que refuser tout nationalisme étroit, et cela d’autant qu’ils expérimentent dans l’Église une communauté vraiment catholique, répandue à travers le monde, à la fois une et diverse. Pour eux l’Église est ferment et promesse de l’ouverture de l’humanité à l’universel. Cette ouverture se manifestera dans bien des domaines, de la solidarité économique au désarmement, etc.” (Ibid).
    Il me semble important de rappeler ce que dit le catéchisme, pour pas que nous soyons tentés par le nationalisme qui n’a que l’apparence de l’amour de la patrie.
    Aimer sa patie, c’est aimer son patrimoine et les valeurs traditionneles comme le christianisme qui a fait la France. Aimer le christianisme cela inclu tout son enseignement, toute sa tradition, comprenant, évidement, le Concile Vatican II. Je dis cela car ceux qui se disent “traditionalistes” et qui se veulent patriotes, royalistes, nationalistes … en fait oublient que Notre Seigneur dirige son Eglise qu’il bâtit sur Pierre. Et nous venons de lire ce que l’Eglise nous dit du nationalisme.
    Être patriote et catholique, c’est donc être fidèle à la patrie et à l’Eglise. A la patrie en suivant l’enseignement de l’Eglise. La prière pour la patrie a donc une grande importance.